Y a embrouille: Sociologie des rivalités de quartier
de Marwan Mohammed

critiqué par Colen8, le 30 avril 2024
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Et y’en a marre !
Les jeunes des périphéries, leurs bandes violentes et délinquantes se vivent comme une affirmation de soi au sein d’un collectif visant à se faire respecter. Sous l’œil des média prompts à en rajouter les institutions républicaines peinent à leur trouver une réponse probante(1). Le docteur en sociologie émet des hypothèses à l’issue de vingt ans de réflexion théorique et d’un travail de terrain minutieux. A quelques exceptions près c’est un mur presque infranchissable d’inégalités, d’exclusions, d’injustices sociales qui les ferait basculer vers ces comportements transmis génération après génération à partir de l’adolescence.
Dans cet essai Marwan Mohammad cherche avant tout à clarifier plusieurs catégories de violences génératrices d’embrouilles autrement dit de rixes visibles dans l’espace public : les conflits privés entre personnes quand ils attisent des solidarités, les violences sexistes ou sexuelles, les échanges de coups entre minorités partisanes religieuses, racialisées ou simplement sportives, les rapports de pouvoir pour l’hégémonie d’un territoire ou le contrôle de ressources. Volontairement il en a écartées aussi bien la révolte politique pouvant aller de la radicalité extrême au terrorisme, que la criminalité liée aux trafics en tous genres.
Quelques données chiffrées pour appréhender où et comment se perpétue le phénomène : au sein des quelque 1300 quartiers prioritaires bénéficiant de la politique de la ville, dans les zones rurales précarisées, là où 40% de jeunes nés à l’étranger voisinent avec des minorités françaises « non-blanches », où ils plongent ensemble dans le décrochage scolaire inéluctablement suivi du chômage. Sans penser aux conséquences pénales de la transgression des normes et des valeurs de la société ils vivent cette bascule dans la violence comme un moyen parmi d’autres d’accéder à l’autonomie autant qu’ils la subissent comme une souffrance.
(1) Pas plus celles d’hier que d’aujourd’hui en activant tour à tour la répression, l’éducation, la formation, la prévention avec les moyens combinés de la police, la justice, les collectivités, l’école…
Site personnel de l’auteur : https://www.marwanmohammed.net/