Clemenceau, le crépuscule du Tigre
de Benoît Mély

critiqué par CHALOT, le 28 avril 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une BD sur l'amour de Clemenceau, à déguster !
Clemenceau
Le crépuscule du tigre

La grande guerre est terminée, Clemenceau « dit le tigre » est ovationné par le peuple rassemblé à Strasbourg un mois après l'armistice.
Pour tous ou presque, il est le père de la victoire.
Benoît Mély, scénariste et dessinateur de cette BD qui traite des dernières années de cet homme aux multiples facettes montre dès la première page le président Poincaré qui, placé derrière la tribune maugrée « Profite, vieil imbécile, ça ne va pas durer ».
Le ton est donné, on sent tous les politiciens avides de pouvoir prêts à se débarrasser du trop apprécié leader.
Ses ennemis sont nombreux et divers, il y a ceux qui lui reprochent de ne pas être allé jusqu'à Berlin, ceux qui estiment que l'Allemagne n'acceptera pas ce diktat et les derniers qui lui rappellent qu'il a fait tuer tant d'ouvriers !

Cette BD traite naturellement de la résistance de Clemenceau, de son combat pour revenir sur la scène et surtout pour peser mais l'essentiel c'est cette nouvelle vie qui s'ouvre à lui.

Il va recevoir une lettre venant se Saint Dié dans les Vosges qui est expédiée par Marguerite Baldensperger qui a 40 ans alors que lui en cette fin 1923, en a 82 .
Il va la rencontrer pour répondre à sa demande.
Peu à peu un lien très étroit va s'établir entre ces deux êtres, cette jeune femme mariée mère de plusieurs enfants dont l'une d'entre eux vient de se suicider.
Le tigre est explicite ; « Je vous aiderai à vivre et vous m'aiderez à mourir, voilà notre pacte »
Il n'est pas pressé de mourir et leur liaison va durer jusqu'à la mort de Clemenceau le 24 novembre 1929 .
C'est un amour chaste, qu'importe d'ailleurs, c'est leur vie.

Il y a eu beaucoup de Clemenceau, l'ami et le soutien de Louise Michel, le laïque et le social mais aussi celui qui a réprimé des grèves et qui n'a pas lésiné sur les moyens pour que les soldats se battent au front, pour des intérêts plus que discutables !

Les entretiens entre Clemenceau et la jeune femme sont reproduits dans quelques planches rapides mais suffisamment mises en valeur pour que le lecteur puisse se faire une idée un peu plus précise sur ce personnage historique.

Cette fin de vie est une réelle histoire d'amour, c'est nouveau pour cet homme et cela lui donne la pêche.
Cette BD, première du genre pour le dessinateur-scénariste a un double mérite :
le premier c'est de savoir captiver par le rythme le lecteur et le deuxième c'est de nous livrer non des esquisses mais des dessins réalistes et soignés.

Bravo l'artiste !


Jean-François Chalot