Les salauds gentilshommes, tome 3 : La République des voleurs
de Scott Lynch

critiqué par Fanou03, le 30 juillet 2014
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Deux histoires pour le prix d'une
La « République des Voleurs » est le troisième tome du cycle des « Salauds Gentilhommes », initié par Scott Lynch. L’opus précédent, « Des horizons rouge sang », nous avait laissé, dans un suspens habile, avec le protagoniste principal, Locke Lamora, rongé par un poison mortel. Au début de « la République des Voleurs » on retrouve donc notre héros en train d’agoniser lentement, malgré les efforts désespérés de son fidèle ami Jean Tannen pour trouver un remède auprès des médecins de la ville où ils ont trouvé refuge. Mais de toute évidence les effets du poison, d’une dangerosité rare, dépassent la science des soigneurs locaux. C’est alors que la puissante Archadema Patience, de la caste des redoutables Mages Esclaves, contacte les deux compères et leur demande un service, en échange de la guérison de Locke : manipuler dans l’ombre les élections du conseil de la cité de Karthain qui ont lieu tous les cinq ans, afin de faire gagner le parti des « Racines Profondes ». Mais le parti adverse a recruté également un agent qui pourrait donner bien du fil à retordre aux deux compagnons... Connaissant la rouerie des Mages Esclaves, Locke acceptera-t-il cette proposition qui ressemble fort à un marché de dupes ?

Voici que nous retrouvons avec plaisir les aventures de nos amis voleurs, Locke Lamora au sale caractère et Jean Tannen, son compagnon de toujours. L’épais volume réjouira les amateurs de la série, car Scott Lynch nous livre en fait deux récits complets, l’un se déroulant dans le présent, l’autre dans le passé, qui s’entremêlent en se faisant écho adroitement. Dans son ensemble le roman a de solides arguments : l’univers des « Salauds Gentilhommes », raffiné et cruel, très XVIIIème siècle, est plutôt bien réussi, brossant le portrait de Karthain, cité corrompue, véritable nid à complots et à machinations. Les personnages centraux, riches en contradictions et en faiblesses, alimentent quant à eux la densité des récits, pleins de rebondissements et de mystères, comme il se doit.

Ce troisième volet, à la verve entraînante, est donc un excellent divertissement, même s’il ne faut pas en cacher certaines faiblesses. Tout d’abord, la présence des deux histoires, assez touffues, qui se croisent, est d’un intérêt indéniable, mais finit parfois par perdre le fil au lecteur qui ne cesse de passer de l’un à l’autre des récits. Le style du livre, quant à lui, relativement neutre et assez standard comme souvent dans ce genre de production, m’a cependant interpellé sur l’emploi fréquent d’expressions vulgaires et crues qui me semblent être décalées par rapport au ton général du roman. Enfin, certains ressorts du scénario paraissent peu convaincants, poussifs, voire patauds, et donnent l’impression de rallonger artificiellement l’action.

Je ne veux pas paraître trop sévère : on passe quand même un sacré bon moment de lecture avec cette « République des Voleurs » et il faut décidément saluer Scott Lynch pour avoir créé, à travers ce rusé Locke Lamora, un personnage de héros-voleur attachant et atypique.
une histoire et une passerelle 6 étoiles

Ce roman, construit autour de deux histoires, l'une présente, l'autre passée a une saveur bien particulière... autant ce qui est du domaine du passé m'a paru plaisant, autant l'intrigue du présent m'a paru bien superficielle, pour n'apparaître au fond que comme un pont bien trop chargé pour un chemin à venir...

D'où une impression mitigée...

Deinos - - 62 ans - 23 mai 2015