Orages de Sonia Ristić

Orages de Sonia Ristić

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 16 juin 2012 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 1 442 

Violent comme un amour balkanique

Pendant que la guerre déchire les Balkans, une jeune Yougoslave, étudiante à Paris, hérite d’un bout de forêt en Serbie. Alors que la planète entière a les yeux rivés sur Sarajevo, elle décide de se rendre à Belgrade pour prendre possession de cet héritage. Après un voyage à haut risque, elle arrive dans sa ville natale qu’elle ne reconnait pas – « cette ville fantasmée avec laquelle j’entretiens des rapports complexes, ambigus, tissés de nostalgies, de deuils impossibles et de culpabilités dont tout exilé encombre ses bagages » - l’embargo, le dénuement, la faim ont transformé la ville et ses habitants, beaucoup sont partis à l’étranger, à la campagne, à la guerre ou sont tout simplement morts.

Elle est hébergée par un ancien petit ami qui vit chez un collègue trafiquant de tout ce qui peut se vendre ou s’échanger en période de guerre dans une ville sous embargo. Petite teigne, écorchée vive, elle n’accepte pas plus l’aide que les conseils et se fourre dans un joli pétrin en renouant avec son ancien petit ami, devenu un violent psychopathe, qui l’aime à la folie. Commence alors une histoire d’amour hallucinante en forme de périple à travers l’Europe, une histoire d’amour d’une violence inouïe, balkanique, impossible, que rien ne peut endiguer mais qui est vouée à une faillite inéluctable.

Ce voyage est l’occasion d’évoquer la gigantesque horreur de la guerre des Balkans mais aussi la vie de cette jeune fille qui a vu son père abandonner sa famille, sa mère mourir d’un cancer, sa sœur s’éloigner d’elle, son pays sombrer dans la barbarie la plus folle, les profiteurs de guerre ruiner sa ville natale, …, un passé encore présent qu’elle ne peut pas assumer, qui la hérisse et la dresse contre l’humanité toute entière. Il y aurait-il dans sa famille, comme dans les Balkans, une fatalité qui impose la violence, une épure de la violence, une violence la plus cruelle, la plus cynique toujours et partout ?

Un récit qui crépite comme une rafale de kalachnikov, qui cingle comme une invective, qui fuse à une vitesse cybernétique, qui évoque le langage rapide et concis des jeunes mais, un récit qui, même s’il est édité dans une collection destinée aux « juniors », comporte trop d’avatars, trop d’aventures et surtout trop de mésaventures. Certes les jeunes demandent de l’action, beaucoup d’actions, des émotions fortes mais trop d’actions tue l’action et nuit gravement à l’intensité dramatique du texte.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Orages

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Orages".